Les Joyaux du Siam 3/9

15 Février : Rivière Kok-Mae Salong-Chiang Saen

Poubelle thaïlandaise

Remontés dans notre pirogue longue queue, nous refaisons en sens inverse la "croisière" de la veille, retrouvons notre van et notre chauffeur, Cap'tain Tho appelé ainsi par Georges en raison des épaulettes de sa chemise et reprenons la route vers Mae Salong, village perché à 1350m d'altitude. Je remarque, sur le bord des routes, de drôles de "chaudrons" et réveille Suhi ^^ pour lui demander le comment du pourquoi... Réponse : "Ce sont des poubelles ! Elles sont faites en pneus de camion !" Et il se rendort ! Ah ah ah !!!! En plus, elles sont stylées ces poubelles ! ;-)

Le paysage défile, la route est bordée de litchis (récoltés en été), de champs de manioc et de citrouilles. Les rizières abondent aussi bien sûr, et nous apprenons en même temps toutes les étapes de cette culture:

1. Semailles;

2. Repiquage;

3. Récolte à la faucille (ou a la machine pour les plus riches);

4. Séchage;

5. Battage : il faut 1 journée pour récolter les grains...

Tribu Akha

La porte aux esprits

Nous poursuivons notre chemin et nous arrêtons un peu plus loin à Baan Lo Cha, village habité par des Akhas. Cette tribu montagnarde, d'origine tibéto-birmane, s'est installée dans le nord de la Thaïlande (dans les provinces de Chiang Maï et Chiang Raï) il y a une centaine d'années... A chaque entrée ou sortie de village "une porte aux esprits" est dressée pour délimiter le monde des esprits et celui des hommes. Et donc pour entrer dans le village, il faut passer au travers pour se purifier du mauvais esprit !

Coiffe Akha

Les Akhas à guêtres brodés (ou Paws) nous accueillent par des danses traditionnelles dans leurs costumes traditionnels : les hommes, en pantalon et gilet de toile noire, les femmes, également toute de noir vêtues, avec des broderies colorées sur le devant de la jupe et sur la veste. Elles portent, en plus, des jambières rebrodées; Mais la pièce la plus importante de leur tenue est sans nul doute leur coiffe qui, de surcroît, permet de définir le statut marital et la place dans la société de la femme.

Vers l'âge de 12 ans, les fillettes échangent leur foulard qui leur sert de chapeau, pour une coiffe de jeune fille puis, un peu plus tard, elles porteront celle des adultes. Ces coiffes permettent de reconnaître les différents groupes ethniques akhas et sont spécifiques à chaque femme qui se les fabrique elle-même; la richesse de cette dernière est définie par la quantité d'objets en argent qui y sont exposés. Il est rigolo de constater que la plupart de leurs tuniques et coiffes sont décorées de pièces et de guirlandes de perles colorées...

Dénuement dans un monde moderne

Le minuscule village est constitué de huttes sur pilotis dont le toit est fait d'herbe à éléphant nouée et liée par les mains expertes des femmes puis celui-ci est fixé sur des branchages plus épais.Ces femmes préparent plusieurs panneaux, qui une fois séchés, remplaceront, tous les ans, les vieux assemblages défraîchis.

La rue, de terre battue, où picorent des coqs chinois, sinue entre les huttes, laissant entrevoir des intérieurs sombres aux minces parois disjointes laissant filtrer la lumière. 

Nous pénétrons dans l'une d'elle. 

Fabrication du toit

Dans la pièce à vivre, nous pouvons entrevoir, une fois accoutumés à l'obscurité, un grand miroir piqué, un étal pour ranger pêle-mêle, la bouteille d'huile, le billot, les gamelles, des sacs en plastique pendus à des "clous" improbables servant de rangements, des paniers, des nasses crevées; dans un coin 3 ou 4 balais prêts pour le service, des brosses à dents minutieusement rangées dans l'épaisseur de la toiture ^^, un banc sur lequel traîne des gobelets, une chaise bleu vif en plastique, un mini "pouf" recouvert d'un coussin brodé mais usé, des savates -celles de l'homme qui nous reçoit... Au centre, une bouilloire culottée attend son heure sur un foyer de cendres froides et en bonne place une photo du roi et de la reine ! 

Dans un recoin, une moustiquaire verte délimite l'espace sommeil de la famille. La garde-robe est impeccablement rangée sur des cintres sur la mini terrasse de bambou. Mais le fin du fin c'est, chez ces agriculteurs pauvres, la présence incongrue d'un vieux réfrigérateur rouillé, d'une télé poussiéreuse avec télécommande et décodeur satellite, d'un lecteur DVD, si si, non moins poussiéreux ^^ et d'un autocuiseur pour le riz, le tout relié à une prise multiple fixée dans un poteau soutenant la structure de la maison ! Comme quoi, on peut être dans le plus grand dénuement et arriver à posséder la parabole, une moto ou un téléphone portable...

L'intérieur d'une maison Akha

Marché chinois de Thoed Thaï

Marché à Thoed Thaï

Village chinois de  Thoed Thaï

Un peu plus tard, après quelques kilomètres de routes étroites et particulièrement sinueuses sur ce segment montagneux -les cars ne peuvent accéder- nous arrivons au petit village de Thoed Thaï, dont les habitants sont en majorité d'origine chinoise (des réfugiés), même si y gravite une multitude d'ethnies ! L'atmosphère y est donc un peu différente et l'on ne peut pas se tromper : des lanternes rouges et or ainsi que des banderoles couvertes d'idéogrammes pavoisent la ville (c'est bientôt le nouvel an chinois) nous indiquant que la frontière n'est pas bien loin.

Femme Akha au marché

Jeunes filles de la tribu Lisu sur le marché de Thoed Thaï

Tous les jours, se déroule à Thoed Thaï le marché : les femmes des villages alentours viennent y vendre fruits et légumes, mais on peut aussi acheter des "handcraft" (objets faits à la main) des ethnies locales. On y trouve aussi du thé et des épices... Le marché est plaisant et coloré, les étals nous attirent car nous découvrons avec curiosité, une autre culture et les touristes, à notre grand étonnement, n'abondent pas. Nous décidons de faire nos 1ers achats, Claude en remorque : quelques pochettes brodées aux points de croix, 2 ou 3 tisanières pour le thé, des jolis petits marque-pages en bambou et une bonne dizaine de porte-clés naïfs pour mes danseuses, le tout pour quelques baths seulement. Evidemment, Georges, à son habitude, marchande... Quant à Nadia, partie seule à l'assaut du marché, elle fera l'acquisition d'un petit éléphant en jade...

Plantation de thé

Le thé thaïlandais 

Nous poursuivons notre route et parvenons au grand jardin du thé thaïlandais ! Rien à voir avec celui du Sri Lanka ! Les précieuses feuilles sont récoltées mécaniquement et la dégustation du breuvage est tout à fait étonnante : pas de service à thé "so british" en porcelaine ! Les feuilles de thé sont placées dans un filtre lui même déposé dans une "théière en verre" à piston transparente; de cette façon, on peut voir les différentes couleurs d'infusion -du jaune pâle au brun ambré- selon les variétés. Après avoir ébouillanté petits bols, coupelles ou autres petits récipients, le liquide, tel un grand cru, est versé dans le petit verre; celui-ci est recouvert de la coupelle et au bout de quelques minutes, l'ensemble est délicatement retourné, le petit verre ôté avec précaution. Le liquide à boire se répand alors dans la coupelle, il n'y a plus qu'à déguster... Nous regardons avec attention cette curieuse manipulation...

Dégustation du thé

Suhi s'est encore endormi ^^

Suhi, quant à lui, s'est endormi d'un coup, ce spectacle le laissant indifférent ! On ne peut alors s'empêcher de s'esclaffer, ce qui a pour effet de le réveiller; mais aussitôt l'œil ouvert, aussitôt refermé ! Narquoise, l'animatrice le scrute puis nous regarde, amusée ! Y'avait de quoi quand même et nous décidons d'acheter du thé...

Dégustation de thé dit aussi dégustation de nouvelles spécialité thaïes, dont le Som Tam, une salade épicée à base de papaye râpée ! Trop trop délicieux et de surcroît, léger ! Tous les avantages ! Ha ha ha!

Rizières... Teck... Plantations de thé... Habitat sur pilotis... Bananiers... Végétation luxuriante... Linge qui sèche... Plantation d'ananas, du coton...et le paysage défile...

Route vers Chiang Saen

Nos compagnons de voyage ;-)

Dans le véhicule qui nous emmène à travers la Thaïlande, Georges parle quasi en continu avec Claude. Installé juste derrière nous, il a un débit impressionnant et bientôt nous connaissons tout de lui, de sa famille et de son exploitation céréalière. Nadia pour sa part, émigrée volontaire au fond du van, ne prononce que quelques mots, essentiellement pour critiquer Claude, mais aussi pour rouspéter... entre autre, après Suhi qui ne cesse de dormir. Quant à cap'taine Tho, philosophe, il trouve Nadia "mystérieuse" et Suhi, pas vraiment efficace ! Heureusement, nous sommes au dessus de tout cela, nous avons mieux à faire et profitons de notre voyage à fond sous les regards d'approbation des 3 chiens boxers collés sur la petite plateforme entre les 2 sièges avant de notre voiture ! ;-)

Malgré tout, j'interroge fréquemment Suhi (Cap'taine Tho ne parlant pas l'anglais et encore moins le français), pour qu'il me donne le nom de ces si beaux arbres que nous pouvons apercevoir le long de notre route; ceux-ci portent les doux noms évocateurs de "pluie d'or"- en fait le cytise- "bouton d'or" - un arbre à fleurs jaunes comme des pompons-, "griffe du tigre" -aux fleurs rouges-orangées- et si j'ai "tout bien compris"^^, car à chaque fois, je réveille notre guide en sursaut: il a l'air un peu hagard avant de reprendre ses esprits !

Jardin de Mae Fah Luang (Chiang Raï)

Nous parvenons enfin au Jardin de Mae Fah Luang; la journée est bien avancée, et la luminosité pour les photos optimale !

Comme d'habitude, Suhi nous laisse à l'entrée du parc après nous avoir donné nos tickets d'accès, Nadia part de son côté -on se demande ce qu'elle fait dans ce type de voyage- Claude reste avec nous et Capitaine Tho nous récupèrera un peu plus tard...

Fleurs parmi les fleurs...^^

Ce jardin botanique de 4 hectares, accueille une myriade de variétés de fleurs et d'arbustes décoratifs organisée par thème : "Rock garden", "Winter flower garden" d'un côté, cactées, bromeliacées et autres bambous de l'autre... le tout mis en situation avec soin. Des allées sinuent au milieu d’îlots de fleurs, les plants sont impeccablement entretenus, il n'y a pas une seule mauvaise herbe; Sous le soleil déclinant, les couleurs s'embrasent, les ombres contrastant avec la luminosité des fleurs. Je reconnais bien sûr, les orchidées, mais aussi des plantes cultivées communément en France : pétunias ou bégonias de toutes les couleurs, des géraniums, des roses et des pensées, des chrysanthèmes. Les fleurs inconnues éclatent également dans le soleil; la profusion et l'importance des différentes floraisons, donne à ce parc une impression de magnificence. Georges et moi nous laissons prendre en photo par Claude : nous sommes des fleurs parmi les fleurs ! Mouhahahaaaa !

Jardin botanique de Mae Fah Luang

Arrivée à Chiang Saen à l'Hôtel dans le Triangle d'Or, sur le Mékong, face au Laos, que de noms exotiques !!! Nous nous sentons en immersion totale, au bout du monde, et ça.....J'ACHETE ! Hu hu hu !