Jeudi 07 MARS
2019
« Au
Mexique, le Jour des Morts prend un sens tout particulier dans un petit village
maya. Les habitants exhument les corps et nettoient les os de leurs défunts. Une
façon qu’ils ont de leur montrer l’amour qu’ils leur portent », nous
explique Saul….
Au début,
on a eu un peu de mal à croire les dires de notre guide, cela ressemblait
plutôt à une histoire sortie d’un film d’horreur. Mais il nous a tellement
convaincu que l’on s’est dit que nous n’avions rien à perdre. Nous sommes
curieux et j’ai un sérieux penchant pour la photographie. ^^ Il fallait donc
que l’on voit ça de nos propres yeux et l’ensemble de notre petit groupe finît
par accepter….
Après
avoir roulé une soixantaine de kilomètres, nous voici rendus à
14- Pomuch, là où on dépoussière les morts…
Un tricycle familial |
La
chaleur est déjà étouffante et ici, j’ai l’impression que l’on se déplace essentiellement
en tricycle que je ne manque pas de mettre dans le viseur de mon Panasonic
Lumix. Nous nous garons, juste en face le cimetière, puisque c’est le but de
notre visite, et devant une « boutique », une « tortilleria », broyant du maïs pour la fabrication de farine de…tortillas…
Bien sûr, nous entrons et regardons avec intérêt.
Tortilleria à Pomuch |
Entrée du cimetière |
Lors du Dia de Muertos, les morts sont donc à la
fête et doivent revêtir leurs plus beaux atours. Les Pomuchenses viennent alors
par centaine des alentours, nettoyer les os de leurs défunts en marque de
respect. Ceux-ci sont complètement dépoussiérés. Jambes, bras, hanches… crânes
seront nettoyés et astiqués avec amour, puis délicatement remis dans le petit
coffre en bois dont le linceul, aux motifs en rapport avec la personnalité du défunt
a été changé. Autrefois brodés, ces
linceuls sont de plus en plus souvent peints car moins chers... Le couvercle
reste ouvert, le crâne toujours sur le dessus… et l’âme peut ainsi trouver
refuge et regarder dans les yeux les proches qui viendront lui rendre visite….
Des crânes nous observent... |
La porte des lieux franchie, de tous cotés des crânes nous observent, exposés dans des niches colorées empilées (jusqu'à quatre) dont certaines sont agrémentées d’une porte en fer forgée ou surmontées d’une croix. Juchés sur un tas d’ossements, ils pointent ce qui leur reste de nez à travers un petit ossuaire en bois, ou en carton pour les plus pauvres…
Des allées étroites, des niches colorées |
Quelles impressions étranges, de l’étonnement mêlé de respect, d’incompréhension, voire de « dégoût », il faut bien le dire, mais le terme n’est pas bien choisi. Malgré tout, le voyeurisme nous pousse à arpenter les allées étroites et à regarder ces étranges squelettes, dont certains, malgré le temps, sont encore recouverts de lambeaux de peaux ou de cheveux…. J’ai comme une impression de malaise devant ces différents casiers aux couleurs vives et je détourne parfois les yeux par pudeur, ou par « peur » peut-être aussi, la mort étant un vaste sujet…. Malgré tout je me gendarme en me disant qu’elle fait partie de la vie et que rien ne pourra y changer….
Nous remontons dans notre mini bus, direction
15-Becal, là ou l’on tisse le fameux chapeau Panama
Nous nous installons dans un petit patio encombré et ombragé, des bancs sont prévus pour l’occasion et l’on s’y sent bien ; au centre, une construction circulaire en pierre - probablement un puits - sur laquelle sont disposés différentes plantes exotiques, un large sombrero coloré, des embauchoirs de chapeaux et différentes fibres pour la vannerie.
Fibres de jipi teintes et naturelles |
Au frais, nous écoutons maintenant avec
attention les explications de l’expert, un homme courtaud à la petite moustache
clairsemée….prénommé Alfredo, le propriétaire.
« Pour tisser le fameux chapeau, on utilise les feuilles de palmes de Jipi, provenant à l’origine d’Equateur et servant déjà à la fabrication du célèbre Panama. Cette plante voyagea et sera importée au Panama, liant définitivement son nom à celui du chapeau.
Alfredo poursuit, en même temps qu’il accompagne son discours de gestes précis :
Réduire la largeur de la fibre |
« La méthode ancestrale consiste à réduire la largeur de la fibre grâce à un petit outil ressemblant à un cure-dent, la fendant en deux du haut en bas. Cette opération est répétée autant de fois que nécessaire jusqu’à l’obtention de la largeur voulue. La lanière la plus étroite, assurera la qualité supérieur du Panama, (il sera plus léger et donc plus couteux). Cette fibre ainsi découpée, sera ensuite teinte avec des colorants naturels : fleurs ou feuilles, ou laissée naturelle avant d’être tissée. »
Alfredo nous entraîne ensuite vers la cave située sous la maison-boutique familiale : « Pour cette étape il est obligatoire de descendre dans la cave, dont le degré hygrométrique est indispensable pour maintenir la souplesse du jipi, lui permettant ainsi un tissage aisé. »
Tressage d'un Panama |
Remontés à la « surface », nous pénétrons maintenant dans une pièce aérée où se fait le pressage par vapeur-chaleur du chapeau. Grâce à un embauchoir, une presse, de la vapeur et un bon feu, on est a même de donner la forme définitive au Panama… Toutes les étapes sont manuelles et nous sommes loin d’une industrie de grosse production.
La boutique et ses panamas |
Nous terminerons cette visite en
passant par la boutique, et bien évidemment nous ferons l’achat de deux panamas
de qualité supérieure, enfin celle juste en dessous, que nous exhiberons fièrement en
France l’été suivant !
Après avoir flâné dans les rues de Campeche, visité un cimetière et fait
l’acquisition de bien beaux couvre-chefs, nous piaffons d’impatience : il serait
peut-être temps que l’on se mette une nouvelle petite pyramide sous la dent, ça
manque un tantinet !
Comme de fait, nous progressons maintenant vers
16- Uxmal
Un joyau de l’architecture maya, loin
de l’effervescence de Chichen Itza très
touristique, une pépite dans un écrin de verdure, classée au patrimoine mondial
de l’UNESCO….
Uxmal : Le jeu de Pelote, Le quadrilatère des Nonnes, La Pyramide du Devin |
Nous attaquons donc le site par la Pyramide du Devin, étonnante par sa base ovale, unique en son genre mais aussi par l'incroyable écho qu'elle nous renvoie… Une volée de marches monte vers le ciel, mais il n’est pas possible de les gravir, c’est interdit….
La Pyramide du Devin a une base ovale |
Détails sur le quadrilatère |
Le quadrilatère des Nonnes |
Le jeu de balle et son anneau |
Attenant, le Jeu de Balle – ou de pelote, c’est selon - ; à chaque fois présent sur tous les sites mayas, il est toujours liés à des aspects mythiques et cosmiques ; bon, finalement, il sera dit que les Mayas sont très forts sur ce coup là ^^ !
Palais du Gouverneur |
Autre curiosité du coin, des iguanes, les hôtes royaux de ce site. Se
dorant la pilule au soleil ou bien cachés sur les pierres, on les distingue à
peine…
Les iguanes sont les rois à Uxmal |
C'est nous à Uxmal |
Maintenant, Saul nous presse, il faut
rejoindre Mérida, la Belle du Yucatan et capitale de la Marimba, -
vous savez ce genre de xylophone ? -
qui a su, comme Campeche,
conserver de beaux édifices de l’ère coloniale.
Mais, notre petite troupe est d’humeur vagabonde, et
nous pressons Saule de nous montrer une hacienda ; c’est l’avantage des
tout petits groupes (pour rappel nous sommes seulement six !!!) et bientôt
nous sommes en vue de l’
17- Hacienda Yaxcopoil
Aussi nommée le « Lieu des
Peupliers Verts » ; c’est joli non ? et autrement
bucolique, c’est un véritable témoignage, comme toutes les autres, de
l’histoire du Mexique…
La double arche mauresque de l'entrée |
L’entrée de l’Hacienda Yaxcopoil, est au poil ha ha ha - bon d’accord,
je sors…^^- est bien reconnaissable et matérialisée par une double arche
mauresque, mais nous n'irons pas plus loin ; malheureusement, transformée en
musée, nous ne pourrons pas aller plus loin ce jour-là, celui-ci étant fermé… Dommage
j’aurais bien aimé voir à quoi cela ressemblait : mon seul repère, les
haciendas entraperçues à la télé dans le feuilleton
« Zorro » lorsque j’étais enfant !!! Mais Floreeennce, quelle
référeeeence ! Ah ah ah ! J
Je me contenterai donc de prendre quelques vues de l’extérieur, au son de la voix entêtante de Saul, toujours intarissable en explications et heureusement à l’ombre de l’arbre vénérable de la place…
Une partie de l'Hacienda Yaxcopoil |
A l'ombre de ce bel arbre |
« L’Hacienda Yaxcopoil existe depuis le 17ème siècle,
copiée, comme toutes les haciendas, sur le modèle espagnol (architecture,
gestion des activités etc…). A l’époque on y élevait le bétail, puis sonna
l’heure de la reconversion. Au 19ème, les propriétaires commencèrent
à cultiver du hannequen, sorte de sisal de la famille des agaves. Ses fibres
étaient utilisées pour la fabrication de cordes et de ficelles. Cet « or
vert » fit la richesse de la région (le sisal, extrêmement solide,
s’exportait dans le monde entier) jusqu’au début du 20ème avant
d’être remplacé par l’arrivée des fibres synthétiques… »
A la suite de ces petites explications, nous repartons en minibus vers
18- Merida, la Cité Blanche
Monument de la patrie à l'entrée de Mérida : toutes les provinces y sont représentées |
Les jolies demeures de Merida |
Cathédrale Idelfonso |
L'immense Christ intérieur |
Le Palais du Gouverneur et le mythe de la création maya |
Casa Montejo, un salon |
Casa Montejo, exposition temporaire |
La nuit est maintenant tombée, mais
nous flânons encore un peu dans les rues bordées de boutiques qui attirent
inexorablement mon Panasonic Lumix. Je découvre alors d’étranges statues…
De bien étranges statues |
Figure emblématique, de la Fête de Morts au Mexique, il s’agit d’un personnage populaire, toujours le même appelé Cavalera Catrina, représenté par un squelette féminin, vêtu de riches habits et portant un chapeau très élégant. Elle est destinée à rappeler que les différences de statut social n’ont aucune importance face à la mort….
Finalement, elle est bien croquignolette la Catrina avec ses dents bien plantés et sa grande capeline !!!
La Catrina |
Nous rentrons à l’hôtel après une journée bien chargée et l’esprit rempli encore une fois, de belles découvertes…
***
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